Bon. Peut-être. Je ne sais pas ou ne sais plus cher Meyer.
Ce que je sais pourtant : j'étais en promenade solitaire dans les Jardins de la Fontaine de Nîmes, ma ville natale, ma promenade d'enfance et de futur vieillard. Les Jardins de la Fontaine furent conçus par les Romains, amoureux des foules
et de la solitude, parce que le Romain de Nemausus devait être encore un peu grec. Cet espace, que je crois unique en Europe, paraît avoir été voulu paradis du promeneur solitaire. Enfant, j'allais y réviser mes épreuves du baccalauréat, dans le doux soleil et le vaste espace plat, et délicieusement ombragé, près des eaux et des pierres sculptées.
J'y étais en promenade solitaire ce samedi. D'ordinaire, il y a de paisibles anciens qui jouent aux boules, ou tracent, au pied des bancs, des "ronds dans le sable" de leur canne ou de leur bâton, comme autant de géomètres grecs, pour y faire entendre leurs pensées, à autrui ou à eux-mêmes, pour y schématiser leurs idées, comme on le fait toujours dans le monde méditerranéen, quand la parole et la main sont libres et s'avancent pour signifier la pensée.
Pénétrant dans ces vastes jardins ordonnés à la romaine, me parvient le son de tam-tam et je soupçonne le pire, parce que je sais le pire possible : un mariage de familles exogènes se célèbre là. Des klaxons d'autos précipités aux environs, une folie de vitesse, de tapage, une foule heureuse, chez elle, endimanchée, propriétaire absolue des lieux, de mes Jardins de la Fontaine de Nîmes, investit les lieux, annule d'autorité tout le sens, tout ce que j'attendais de trouver et de recevoir de mon pélerinage romain en ma ville natale. La colonisation, c'est ça, ce n'est que ça et c'est cet absolu :
(ces images sont droites sur mes appareils, mais elles tournent un quart à gauche sans quand je les téléverse ici sans que je m'explique pourquoi)