Le site du parti de l'In-nocence

Finkielkraut dans la fosse aux lions des médias: une triste palinodie extorquée !

Le Nouvel Observateur publie aujourd’hui la transcription de l’interview d’Alain Finkielkraut par Jean-Pierre Elkabach, sur Europe 1, ce 25 novembre.

 

 

Jean-Pierre Elkabach : Quand une société est en crise, un intellectuel, surtout reconnu et influent comme vous, Alain Finkielkraut, est supposé prendre de la hauteur et apaiser les esprits. Or, vos dernières déclarations dans des journaux étrangers sont jugées pour le moins inacceptables et le tout fait scandale aujourd'hui et va faire scandale. Alain Finkielkraut bonjour.

Alain Finkielkraut : Bonjour.

J.-P. E. : Qu'est-ce qui vous a pris ?

A. F. : Heu… Jean-Pierre Elkabach, je cherche la vérité, c'est comme ça que je conçois mon travail et parfois, pour trouver le vrai, j'essaye, je déchire, je crois devoir déchirer le rideau des discours convenus. Je le fais au risque de me tromper, au risque aussi de susciter pour le peu de vrai que je découvre des haines inexpiables. Mais là, il s'agit de tout autre chose.
Du puzzle de citations qu'il y a eu dans Le Monde, surgit un personnage odieux, antipathique, grotesque, auquel je n'aurais pas envie de serrer la main et on me dit, et là le cauchemar commence, que ce personnage c'est moi, je suis sommé d'habiter ce corps textuel, d'en répondre devant le tribunal de l'opinion. Soudain, j'ai quitté l'univers du dialogue et je suis entré dans celui du procès. Alors, j'ai envie de me défendre. J'ai envie de me défendre mais aussi, quelquefois, on peut, devant des choses comme ça, avoir envie de mourir.

J.-P. E. : Il ne faut pas exagérer, vous n'êtes pas un naïf, mais vous savez que vous avez provoqué des dégâts en cascade et qui commencent. Qu'est-ce que vous avez dit? On va essayer de prendre quelques propos et, en tout cas, des citations, et vous allez les commenter vous-même. Vous dites : "on voudrait réduire les émeutes en banlieue à leur dimension sociale or la plupart des émeutiers sont noirs ou arabes avec une identité musulmane. C'était une révolte à caractère ethnique et religieux". Ethnique c'est à dire racial ?

A. F. : Ecoutez…

J.-P. E. : Vous l'avez dit.

A. F. : Je le dis mais, Jean-Pierre Elkabach, tout le monde le pense parce que parler de l'origine des émeutiers est considéré comme une attitude raciste et, d'un autre côté, la réaction unanime à ces émeutes c'est la dénonciation de la discrimination contre les minorités visibles. S'il s'agissait d'une pure émeute sociale dans un quartier, on aurait parlé du chômage, on aurait parlé de la nécessité de rénover les banlieues, on n'aurait pas parlé de la lutte contre la discrimination à l'embauche et à l'emploi. Mais j'ajoute, au cours de l'article, qu'on ne doit faire aucun amalgame. Si je reconnais comme tout le monde le caractère ethnique de ces révoltes, loin de moi l'idée de rassembler tous les Français d'origine africaine et nord-africaine dans un même opprobre, et j'ajoute d'ailleurs que, même les auteurs de ce grand saccage, je les plains plutôt que je ne les accuse.

J.-P. E. : Oui. Dans les émeutes, quelle est la part d'un certain islam ou de la religion, pour vous, puisque vous dites "caractère ethnique et religieux"?

A. F. : Oui, là non. Ce n'est pas juste, c'est une vague référence identitaire. La religion en tant que telle n'est pas présente.
Il se trouve qu'un certain nombre de gens en France, de jeunes notamment, disent, en parlant des autres Français : "les Français". En s'affublant justement d'une identité musulmane. Ils ne sont pas les seuls à le faire. L'une des tragédies de notre temps, c'est la grande désaffiliation nationale. Et, dans l'article, je dis que certains juifs peuvent avoir la même tentation: la France c'est l'utilité, la judéité c'est l'identité. A ces juifs-là, je reproche leur inconséquence et je leur dis : "non", et je leur dis, dans l'entretien, soyez logiques avec vous-mêmes. Si la France c'est simplement une compagnie d'assurance et si votre identité est ailleurs…

J.-P. E. : Oui, mais, comme vous l'avez dit au journal israélien Haaretz, cette partie-là a été supprimée [1]. Il y a en France, dites-vous, Alain Finkielkraut, des gens qui haïssent la République, il s'agit d'un pogrome anti-républicain.

A. F. : Oui. Je dirai, pour retirer les connotations judéo-centrées du mot "pogrome", qu'il s'agit d'un grand saccage anti-républicain.
Et je dis moi que notre société compassionnelle souffre d'une véritable apathie morale, dans la mesure où elle n'a pas perçu, si vous voulez, les caillassages de pompiers et les incendies d'écoles comme un acte sacrilège. Quel est notre rapport à nous et à l'école pour qu'au fond nous voyions simplement ça comme un symptôme et que nous traitions les auteurs comme des victimes?

J.-P. E. : Qui les influence, ces auteurs ?

A. F. : Vous voyez, eh bien moi je vais vous dire. C'est pas une réponse à Sarkozy, c'est pas la politique, c'est un climat social…

J.-P. E. : Mais qui ?

A. F. : Eh bien, le vide spirituel de notre société qui pratique…

J.-P. E. : Qui? Les écoles ?

A. F. : Non

J.-P. E. : Les lycées? Vous l'avez dit.

A. F. : Oui

J.-P. E. : Les vidéos, les musiques…

A. F. : Le culte de l'immédiat, qui prend le pas sur celui de l'étude, sur celui de l'école où l'on cultive précisément patience et longueur de temps.
Evidemment, dans une société où tout est axé sur l'utilité d'un côté et sur la jouissance immédiate et la consommation sans fin des produits, on crée des êtres frustrés qui veulent s'emparer de tout, tout de suite.

J.-P. E. : Alain Finkielkraut d'accord. Aujourd'hui, on essaye de comprendre ce que vous avez dit…

A. F. : Ben, oui…

J.-P. E. : ...ce qui vous motive. Vous dites les Noirs et les Arabes.

A. F. : Non.

J.-P. E. : Oui, oui, dans l'interview, enfin, tel qu'elle est revenue en France, ils sont Français et vous le savez. Qu'est-ce que la France va faire d'eux? Il faut qu'elle les mette dehors, alors qu'ils sont chez eux?

A. F. : Non.

J.-P. E. : Quand Jacques Chirac les appelle les fils et filles de la République, il le fait à tort ou à raison?

A. F. : Non. A raison, à raison. Simplement, il faut prendre acte d'une haine extrêmement violente et ne pas répondre à cette haine en disant nous sommes haïssables… la grande difficulté aujourd'hui c'est d'intégrer des gens qui n'aiment pas la France dans une France qui ne s'aime pas. Mais l'intégration, bien sûr, doit rester notre but et on a manqué…

J.-P. E. : D'accord, mais est-ce qu'à la haine, vous le philosophe, comme disait July, vous l'intellectuel vous devez répondre par la haine ?

A. F. : Non. Et je ne réponds pas par la haine, mais je me dis que, justement, on a raté une véritable occasion de leur tendre la main. Les auteurs de ce grand saccage, on le voit, sont des gens déstructurés. Qu'est-ce que ça veut dire déstructuré ? Ca veut dire la perte des repères, on ne sait plus où est le bien, le mal, le licite ou l'illicite. Il fallait les fixer ces repères, les affirmer, c'était ça, les aider.

J.-P. E. : D'accord. Continuons de comprendre ce que vous avez dit, parce que les propos vont vous revenir. Vous vous en prenez à Dieudonné. Vous dites "le porte-parole de la théologie de la haine, etc." Il est, dites-vous, "le vrai patron de l'antisémitisme". Ça, vous le confirmez ?

A. F. : Ce que je confirme aujourd'hui, c'est que le devoir de mémoire, dont on parle tant, se constitue à partir des réclamations de Dieudonné.

J.-P. E. : Mais pourquoi, pourquoi vous ne l'oubliez pas?

A. F. : Parce que…

J.-P. E.: Est-ce que c'est une raison, hein, de l'imiter et d'entretenir - s'il entretient la haine -, d'entretenir…

A. F. : Jean-Pierre Elkabach, je n'entretiens aucune haine. Je répète que je n'ai aucun rapport avec le personnage que dessine ce puzzle [celui de l’article du Monde]. Ce personnage, je le déteste comme tout le monde.

J.-P. E. : Ce personnage qui? Dieudonné, ou Finkielkraut ?

A. F. : Moi!

J.-P. E. : Finkielkraut.

A. F. : Pas Finkielkraut ! Ce personnage textuel dans lequel… cette tunique de Nessus que je suis obligé d'habiter. Moi je vous dis simplement que, aujourd'hui, qu'est-ce qu'on dit ? On dit : il faut soigner les blessures identitaires, heu, des Africains d'origine ou des gens d'origine africaine…

J.-P. E. : Avec raison, on le dit, ou tort ?

A. F. : Oui. Mais on le dit mal, puisque on dit : soigner ces blessures identitaires, c'est arracher aux juifs un je ne sais quel monopole du malheur. Donc, nous sommes sommés de penser la colonisation sur le modèle de la Shoah, de penser l'esclavage sur le modèle de la Shoah. On le fait au prix de la vérité et ce faisant on entretient la haine.
Une soi-disant concurrence des victimes… Jean-Pierre Elkabach, je ne suis pas une victime, j'honore la mémoire des victimes, j'ai écrit "Le juif imaginaire" pour contester toute identification avec les victimes. Il ne s'agit pas…

J.-P. E. : D'accord, mais aujourd'hui, qu'est-ce qu'on lit du personnage - ne vous énervez pas - du personnage qui apparaît, qui n'est probablement pas vous, mais que les gens vont penser être vous, parce que vous n'êtes pas un naïf, vous n'avez pas besoin que Jean-Marie Le Pen puisse se taire parce que vous faites le boulot, et d'autre part, que vous faites un cadeau par des provocations à Dieudonné et [à] ce qu'il représente aujourd'hui.

A. F. : Le cadeau fait à Dieudonné, c'est précisément de répondre à ces objurgations et de penser la mémoire de la colonisation et de l'esclavage comme il le demande, et ainsi d'ailleurs on ne peut pas parler des traites négrières non atlantiques, on ne peut pas parler du fait que [si] l'Occident a une spécificité dans cette affaire, c'est l'abolitionnisme. Quand quelqu'un en parle, Olivier Pétré-Grenouilleau, il est dans le même pétrin que moi. Mais on m'accuse aussi d'autre chose et, là, je voudrais répondre.
J'ai parlé - d'après ce qu'on croit, hein, en lisant ce puzzle [celui du Monde] qui constitue un homme qui n'est pas moi - avec légèreté et mépris de la France Black-Blanc-Beur. Non ! J'ai dit que la Marseillaise avait été conspuée, alors même que la France présentait cette belle et grande facette multiethnique. Ça veut dire que la société multiraciale peut être aussi une société multiraciste. J'ajoute que, maintenant, la France est devenue Black-Black-Black et que ça suscite la risée de l'Europe. Alors là je veux m'expliquer.

J.-P. E. : Oui, oui, mais vous dites l'exemple du football, on cite: "On nous répète que l'équipe de France est admirée parce qu'elle est Black-Blanc-Beur or aujourd'hui elle est Black-Black-Black, ce qui fait ricaner toute l'Europe. C'est vrai qu'on n’a qu'à mettre un peu de discrimination positive chez les Bleus pour que les Blancs jouent mieux, mieux, ou comme les Blacks".

A. F. : Ils joueraient moins bien.

J.-P. E. : Alors allez-y.

A. F. : Alors j'y vais. J'y vais.
J'ai dit simplement, qu'est-ce que c'est, pourquoi cette singularité française, c'est une séquelle du colonialisme, c'est un privilège post-colonial, et le rire dont j'ai parlé, je vais vous dire ce que c'est que ce rire. Là, j'étais en confiance, eh bien j'ai pensé à mon père. Mon père m'a initié au foot dans les années 50, hein, il est né en Pologne, il a été déporté de France, c'était un immigré et je suis un immigré de la deuxième génération…

J.-P. E. : Oui, oui, oui, attendez, justement, vous dites souvent je suis né Polonais en France, immigré de la seconde génération. Est-ce que vous, Finkielkraut, vous n'avez pas le devoir de tendre la main et de parler au-tre-ment !

A. F. : Je leur tends la main. Je leur tends la main. Je leur tends la main, mais d'abord je veux m'expliquer. Il [mon père, ndlr du Nouvel Observateur] voyait la composition de l'équipe de France, Kissovski, Copa, c'est à dire Copachevski, Pieantoni, et il s'amusait et il a dit: "mais est-ce qu'il y a des Français dans cette équipe?". Il entendait par là, Français de souche, c'était un rire innocent, un rire sans méchanceté dont j'ai voulu faire ressentir l'écho dans ce texte.
J'ai eu tort, je suis maintenant marqué d'infamie par cette blague. Ma seule consolation pour moi qui aime tant l'auteur de la plaisanterie c'est d'être devenu un (inaudible, ndlr) de Kundera. Mais, bien entendu, il faut tendre la main et, bien entendu, moi je me pense comme un immigré aussi et, et, et de quoi ai-je bénéficié? D'une école exigeante qui m'a appris à bien parler français, or, l'école, aujourd'hui, ne fait pas cela.

J.-P. E. : Alain Finkielkraut, Alain Finkielkraut, si le 10 mai prochain devient jour de mémoire contre l'esclavage, est-ce que vous serez choqué?

A. F. : Non.

J.-P. E. : Des Africains, est-ce qu'on peut le leur dire, ils ont combattu avec les Français pendant les deux dernières guerres mondiales et contre le nazisme: est-ce qu'ils n'aimaient pas la France? Les Africains qui défendent la francophonie est-ce qu'ils n'aiment pas la France ? Et est-ce que les jeunes Français qui sont originaires d'Afrique et du Maghreb, est-ce qu'ils n'aimeront pas d'avantage la France et la République, si elle honore, un jour ou l'autre, leurs grands-parents?

A. F. : Mais, bien entendu.
Mais s'il s'agit d'un prétexte [pour] s'identifier soi-même aux victimes, pour se délier de toute obligation et se constituer en ayant-droit rancuniers, non ! Mais je pense que la France n'est aimée en France par personne, et c'est aussi un des problèmes qu'elle a.

J.-P. E. : Mais n'entretenons pas alors la haine. Alors, ce matin, Alain Finkielkraut, ici, qu'est-ce que vous dites aux Français d'origine africaine et maghrébine, qui se sentent blessés et insultés par vos propos?

A. F. : Je leur dis que je déteste autant qu'eux le personnage né de ce puzzle [de l’article du Monde], que je ne lui serrerais pas la main. Je leur dis que je ne pense pas comme lui.

J.-P. E. : Mais ils s'en foutent ! A eux, qu'est-ce que vous leur dites?

A. F. : Je leur dis que…

J.-P. E. : Est-ce que vous leur dites : "je retire une partie des propos, sinon mon analyse, que…

A. F. : Jean-Pierre Elkabach, je ne peux pas faire une autocritique d'un assemblage où je ne me reconnais pas. Ce que je dis simplement c'est que, quand je parle du colonialisme et de l'ambition qui était celle de la philosophie des Lumières [à savoir] d'éduquer les sauvages, je ne reprends pas le terme de sauvage à mon compte.
Il m'est radicalement étranger.

J.-P. E. : Mais pourtant Haaretz le dit.

A. F. : Oui…

J.-P. E. : Est-ce que je peux vous poser une question qui est dans la tête de tout le monde ? Tous ces propos inouïs, vous les tenez à la presse étrangère. Vous dites qu'il est impossible - et je l'ai lu en anglais et en français pas en hébreu - de s'exprimer, en France, tant règne la démagogie. Comment vous vous pouvez dire ce mensonge?

A. F. : Je ne dis pas qu'on ne peut pas s'exprimer en France.

J.-P. E. : Ce n'est pas parce que vous le faites là, mais vous êtes sur toutes les télés, vous écrivez dans le Figaro, dans …

A. F. : Regardez…

J.-P. E. : Dites-moi pourquoi?

A. F. : Regardez ce qui m'arrive quand, en gardant à l'esprit les dangers de l'amalgame raciste et en maintenant ma haine à l'égard de ceux qui précisément en France cultivent la préférence nationale, regardez ce qui m'arrive. Je suis quand même l'objet d'un véritable lynchage…

J.-P. E. : N'exagérons pas...

A. F. : Je ne suis pas sûr d'avoir tort.

J.-P. E. : Mais qui est responsable si vous êtes d'abord… N'exagérons pas le lynchage.

A. F. : C'est vous-même qui m'en parlez.

J.-P. E. : Non, non, non. Mais qui, qui est responsable ? Pourquoi vous avez récidivé, parce que vos propos ont choqué même vos plus proches amis, et vous le savez.

A. F. : Mes propos n'ont choqué que ceux de mes amis qui ont lu le puzzle [du Monde], ils n'ont pas choqué, même s'ils n'étaient pas d'accord, ceux qui ont lu l'article. Et je vous prie de comprendre que je suis malgré tout victime d'un immense malentendu, mais je voudrais ajouter que le problème, en France, aujourd'hui, c'est celui d'un vide spirituel généralisé. Et le meilleur moyen de tendre la main à ces émeutiers, c'est de les mettre devant la responsabilité de ces actes et, face à eux, de consacrer de nouveau les lieux d'étude qu'ils ont saccagés et les consacrer pour eux parce que le parler banlieue qu'ils affichent, avec une certaine hargne, est le pire handicap. Il faut reconquérir les territoires de la République et il faut que la langue française reconquière ce parler, car sinon, ils ne s'en sortiront pas. Et moi je pense qu'il faut qu'ils s'en sortent.

J.-P. E. : Qu'est-ce que vous faites à l'égard de Haaretz et des propos que vous ne reconnaissez pas et qui font ce personnage dont vous parlez. Est-ce que vous allez les attaquer…

A. F. : Non.

J.-P. E. : …parce qu'ici vous allez avoir le Mrap, qui s'exprime déjà, différentes associations et organisations, peut-être des procès et, euh, d'ailleurs, est-ce que vous avez reçu des menaces?

A. F. : Ben, écoutez, on verra, pas encore, mais on demande maintenant mon exclusion de France-Culture, quand même, voyez ce qui est en train de se passer.

J.-P. E. : Quelle est la leçon morale et politique pour Finkielkraut, parce qu'il y a un programme qui continue…

A. F. : La leçon politique c'est qu'en effet je ne dois plus donner d'interview, notamment à des journaux dont je ne contrôle pas le destin, pour lesquels je ne peux pas contrôler le destin ou la traduction de ce que j'écris. La leçon morale, c'est qu'il faut continuer, envers et contre tout, à regarder la réalité en face, parce que c'est un confort inouï que de se réfugier dans une attitude compassionnelle qui ressemble, en réalité, à la non-assistance à personne en danger.

J.-P. E. : D'accord, ça c'est très bien, mais vous dites pas d'amalgame et d'une certaine façon vous présentez des excuses à ceux que vous avez blessés, oui ou non?

A. F. : Je présente des excuses à ceux que ce personnage que je ne suis pas a blessés, je n'ai en moi aucun sentiment de mépris ou de haine à l'égard de quelque collectivité que ce soit, et je me sens solidaire, par vocation, des nouveaux immigrés en France et notamment des immigrés de la deuxième ou troisième génération.

J.-P. E. : Merci Alain Finkielkraut - le vrai, hein -, d'avoir choisi Europe 1 pour vous expliquer.


© Europe 1

Retour