par Claude Reichman
31 octobre 2003
Après avoir pris position en faveur du métissage de la France, voilà
que Jacques Chirac légitime la conquête de notre pays par l'Islam. Il
vient en effet de déclarer que " les racines de l'Europe sont autant
musulmanes que chrétiennes ". C'est Philippe de Villiers qui a recueilli
cette affirmation lors de sa visite à l'Elysée, le 28 octobre 2003,
à l'occasion des consultations du chef de l'Etat sur l'avenir de l'Europe,
comme l'a indiqué Le Figaro. La France étant, avec l'Allemagne,
le pays européen qui reçoit le plus de migrants de confession musulmane,
elle est évidemment concernée au premier chef par ce problème. La déclaration
du président de la République est donc un tournant capital dans l'histoire
nationale, car elle change radicalement l'appréciation que tous nos
compatriotes vont avoir à porter sur la légitimité de la politique française
d'immigration et sur l'action des élus de la République, et notamment
du premier d'entre eux.
Si la position de M. Chirac est juste, on ne voit pas au nom de quoi
les Français devraient refuser de laisser se fixer sur leur sol des
musulmans en grand nombre, et même en nombre au moins égal à celui de
ses habitants chrétiens, puisque ceux-ci n'ont pas une plus grande légitimité
historique et culturelle. Si ce que dit M. Chirac est faux, alors il
va devoir supporter les conséquences de son erreur et en payer le prix
qui, s'agissant d'un problème aussi grave, puisqu'il met en jeu l'identité
nationale, ne peut être que très élevé. Tranchons le mot : si, dans
cette affaire, les Français n'admettent pas la position de leur président,
celui n'aura pas d'autre choix que de démissionner.
Il n'est pas possible en effet de laisser dans l'ombre plus longtemps
les véritables choix du chef de l'Etat, qui vont à l'encontre des buts
officiellement proclamés par son gouvernement, même si celui-ci ne révèle
pas au pays les vrais chiffres de l'immigration et que son action est
plus qu'insuffisante pour en contenir la poussée. Quant aux Français
" d'en bas ", il serait temps qu'on demande leur avis sur ce sujet capital
pour leur vie de tous les jours, pour leur avenir et celui de leurs
enfants.
L'Europe n'a pas la moindre racine musulmane
Ce qu'il y a d'ores et déjà de certain, c'est que la déclaration de
M. Chirac est une énormité. L'Europe n'a pas la moindre racine musulmane.
Bien au contraire, elle a passé les treize derniers siècles de son histoire
à tenter de préserver ses racines chrétiennes de la menace islamique.
Les musulmans ont été arrêtés à Poitiers et devant Vienne. Et définitivement
expulsés à Grenade. Mais la menace n'a jamais vraiment cessé. Et aujourd'hui
la pression démographique et l'immigration ne sont qu'un nouvel épisode
des visées arabes sur l'Occident. L'affirmer n'est pas céder à la xénophobie
ni à l'islamophobie. C'est au contraire voir les réalités en face. Il
se peut qu'un jour les évolutions du monde musulman rendent aisée la
cohabitation de ses membres avec les Européens. C'est loin d'être le
cas à présent. L'Europe et la France peuvent recevoir sur leur sol des
musulmans à condition que leur nombre ne dépasse pas les possibilités
d'intégration et d'assimilation des pays d'accueil. Nul ne peut nier
que la France soit aujourd'hui submergée par les migrants dont le nombre,
rappelons-le, s'accroît de près de 500.000 par an. On le constate à
tous les niveaux, qu'il s'agisse de l'insécurité, de la justice, de
l'école ou de l'augmentation vertigineuse du nombre des quartiers dits
de non droit, c'est-à-dire en réalité des enclaves étrangères sur le
territoire national.
La situation est si grave que même les milieux traditionnellement favorables
au développement de l'immigration s'inquiètent et réclament des mesures
énergiques, tandis que les politiciens, incapables d'adopter une politique
cohérente à cet égard, balancent entre le mensonge et les rodomontades
et ne parviennent absolument pas à endiguer le flot.
Tout le monde a en mémoire la soirée du 2e tour de l'élection présidentielle
de 2002, quand Jacques Chirac, flanqué de son épouse, se faisait acclamer
place de la République par une foule de jeunes immigrés maghrébins et
africains, tandis que ne flottaient au vent que des drapeaux algériens.
On n'a pas oublié non plus la gêne manifeste du président réélu et le
malaise de son épouse. Mais M. Chirac payait là le choix qu'il avait
fait de devoir son élection aux voix de tout ce que la gauche comporte
de partisans de l'immigration sans freins et aux intenses manifestations
de rue qui, sur le même thème, avaient émaillé la campagne entre les
deux tours.
Il se peut qu'aujourd'hui M. Chirac, en invoquant de prétendues racines
musulmanes de l'Europe, paie la dette qu'il a alors contractée. Comme
il est possible qu'il exprime une conviction qu'il a toujours eue. Quoi
qu'il en soit, il ne peut en rester là, et le pays non plus. Car quelle
que soit l'hypothèse retenue, le président de la République n'a plus
de légitimité. Les Français ne veulent pas d'une immigration incontrôlée
et, même éloignés de la religion, tiennent à leurs propres racines.
Or l'homme qui occupe le poste suprême de la République défend des positions
radicalement différentes de celles de l'immense majorité de ses compatriotes,
sans jamais avoir été mandaté par quiconque à cet effet. Le moindre
de ses devoirs démocratiques aujourd'hui est de tirer les conséquences
de cette inacceptable situation en se retirant dignement.