Quelques textes métissés pour des temps troublés : un message des comparatistes
de Paris III et d'ailleurs
Information publiée le mardi 30 avril 2002
Nous, enseignants et chercheurs en littérature générale
et comparée de Paris III et d'ailleurs, tenons à rappeler, en cette
période troublée de la vie politique, les principes qui fondent notre
discipline : multiculturalisme et universalité du fait littéraire, nécessité
de l'altérité dans la construction du même.
Notre parcours intellectuel mais aussi bien souvent
notre trajectoire personnelle nous persuadent qu'il n'est d'identité
littéraire, culturelle et nationale que dans le métissage, l'échange,
le transfert et la rencontre de l'autre.
Nous étudions et faisons étudier des auteurs qui
s'appellent Cervantes, Hugo, Shakespeare, Homère, Confucius, Boudjera,
Kadaré, Kafka, Ampaté Bâ, Yourcenar, Gao Xingjian...
Tous ne sont pas français, ni chrétiens, ni hétérosexuels.
Tous sont de grands écrivains qui pour devenir eux-mêmes
se sont ouverts à ce qu'ils n'étaient pas.
C'est pourquoi le racisme est pour les comparatistes
un pêché " vraiment capital ". (Etiemble).
Nous vous offrons donc, en guise de contribution
et d'appel au débat, quelques textes métissés
* * *
" Ménélas, issu de Zeus, il y a là deux étrangers,
deux hommes qui à les voir, semblent de la race du grand Zeus. Dis si
nous devons dételer leurs chevaux rapides ou les envoyer chez un autre
qui leur fasse bon accueil ? Alors tout indigné, le blond Ménélas lui
dit : " Tu n'étais pourtant pas sans raison, Etéonée, fils de Boéthos,
jusqu'à ce jour ; mais maintenant, en vérité, tu dis des sottises comme
un enfant. Que de fois avant d'arriver ici, avons-nous tous deux, chez
d'autres hommes, mangé le repas d'hospitalité : misère dont Zeus nous
préserve à l'avenir ! Dételle les chevaux des étrangers "
Homère Odyssée Chant IV
"Ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse, ne
l'inflige pas aux
autres." Confucius Entretiens, XII,2.
"Les éveillés n'ont qu'un monde unique et commun
; chaque dormeur au
contraire se porte vers le monde qui lui est propre"
Héraclite
(...) On a cette difficulté,
aujourd'hui, que les visages sont flagrants
même quand ils sont ouverts. C'est comme si
une idée s'était perdue: qu'on ne peut faire
plus que ce qu'on est. Et pour cette raison
tu es. C'est comme si on avait réellement
des secrets. Un secret. Que tu t'y présentes
en présumant que l'autre type
est celui qui l'obtiendra
Et tu découvres,
que c'est toi. Tu
te regardes dans le miroir
le miroir
est une guerre civile.
Charles OLSON, "La Guerre civile".
"Les oeuvres littéraires dépassent les frontières,
elles dépassent les langues grâce aux traductions, elles dépassent aussi
les usages sociaux et certaines relations humaines particulièrement
formées par l'histoire et le lieu, mais l'humain qu'elles révèlent en
profondeur est universellement communicable à l'humanité entière". (Gao
Xingjian, prix Nobel)
La littérature générale et comparée ne saurait exister
sans la diversité des langues, des littératures et des histoires culturelles.
La démarche comparatiste met en évidence la part d'étranger qui nourrit
toujours une littérature dite "nationale". Dans ses différentes composantes,
imagologie, mythocritique, poétique comparée..., elle établit des ponts
entre les différentes littératures, par-delà les aires culturelles et
les époques.
L'étude comparatiste des traductions littéraires
permet de comprendre qu'une langue ne peut que s'enrichir au contact
des langues étrangères, ce que les romantiques allemands ont clairement
démontré et ce que la "Défense etillustration de la langue française"
postulait déjà comme une démarche nécessaire. La trouvaille géniale
de saint Jérôme a consisté à "hébraïser"
le latin pour réussir sa traduction de la Bible.
Faudrait-il bannir de notre langue tous les mots d'origine étrangère?
Elle en sortirait sérieusement appauvrie. La Littérature comparée permet
ainsi de saisir, dans la diversité des langues et des histoires culturelles,
l'universalité de l'être humain.
Gabriel Saad. Extrait de cours
"Nous sommes des êtres de langues; nous avons naturellement
vocation au dialogue".
(F. Cheng)
La politique n'est ni la stratégie des partis pour
conquérir ou contrôler l'Etat, ni la vision épique du destin d'une Nation.
Elle se tient au point d'un " tout " de l'existence en commun qui n'est
pas un tout totalisant, qui est en un sens un point vide (c'est le trait
propre de la démocratie : comme le disait à peu près Michelet, son seul
monument doit être une place vide où les gens peuvent s'assembler).
Mais en ce point, elle nomme ou plutôt elle phrase l'unité de ce tout
sans totalisation : elle lui donne un ton, une tenue, une voix. Par
exemple, elle pourrait donner une voix à ce que " France " peut vouloir
dire en tant que pays où se rassemblent tant de cultures aux voix différentes.
Ou bien, à ce qu' " Europe " peut vouloir dire d'autre que zone de libre-échange.
Ou à ce que " monde " peut vouloir dire d'autre qu'exploitation généralisée
et aggravée. Donner une voix à ce que peut vouloir dire être ici, vivre
ici, en France, en Europe, dans le monde, ici et maintenant. Etre un
homme politique, c'est trouver une voix pour cela.
Jean-Luc Nancy
" Un honnête homme est un homme mêlé "
Montaigne
Il est juif de mère berbère et sujet tunisien. Sa
culture est française. La France de Vichy le livre aux allemands et
la France libre le jour où il veut se battre pour elle lui demande de
changer la consonnance judaïque de son nom. Il ne lui resterait plus
que d'être vraiment juif si, pour l'être, il ne fallait partager une
foi qu'il n'a pas (...)Que sera -t il donc pour finir ? On serait tenté
de dire un écrivain. "
Albert Camus à propos d'Albert Memmi
La dignité, la liberté et la démocratie ne se divisent
pas.
Jean Bessière
C'est une voix qui vous avertit... Vous avertir
est l'unique service qu'un allemand tel que moi puisse vous rendre aujourd'hui;
et je m'acquitte de ce devoir, dont je ressens profondément la gravité,
bien que je sache qu'aucun avertissement ne puisse vous atteindre, qui
ne vous soit depuis longtemps familier, qui ne soit depuis longtemps
vivant en votre âme et en votre conscience, qu'on ne saurait tromper
en leur tréfonds. Vous avertir, cela veut dire: vous confirmer dans
vos mauvais pressentiments; vous confirmer que ces funestes pressentiments
sont vrais, qu'ils ne sont que trop justifiés... Et cette assurance,
il faut qu'on vous la donne; car au seul fait d'éveiller en vous le
sentiment que vous faites fausse route, épouvantablement, s'attache
l'espoir que vous pourrez peut-être quand même l'abandonner. (...)Thomas
Mann Appel à la raison. (traduction Pierre Jundi, éditions Flinker,
cité in Cahiers de l'Herne Thomas Mann, 1973, p. 137).. cit., p. 95)
" avoir pour patrie le monde
et pour nation l'humanité ..."
Victor Hugo
Ah! Seigneur, éloigne de ma mémoire la France qui
n'est pas la France, ce masque de petitesse et de haine sur le visage
de la France
Ce masque de petitesse et de haine pour qui je n'ai
que haine - mais je peux bien haïr le Mal
Car j'ai une grande faiblesse pour la France
Bénis ce peuple garrotté qui par deux fois sut libérer
ses mains et osa proclamer l'avènement des pauvres à la royauté
Qui fit des esclaves du jour des hommes libres égaux
fraternels(...)
Il a ouvert mon coeur à la connaissance du monde,
me montrant l'arc-en-ciel des visages neufs de mes frères.
Je vous salue mes frères : toi Mohamed Ben Abdallah,
toi Razafymahatratra, et puis toi là-bas Pham-Manh-Tuong,
vous des mers pacifiques et vous des forêts enchantées
Je vous salue tous d'un coeur catholique.
L.S. Senghor "Prière de paix"
Dimanche 5 mai 2002 Le désir de vérité ne se sépare
pas de la volonté d'une société libre. Et l'un d'entre les Romains interrogea
les autres : Comment Horace doit-il être nommé à la postérité ? Et le
peuple répondit d'une seule voix : Il doit être nommé vainqueur d'Albe
Il doit être nommé assassin de sa sur D'un seul souffle son mérite
et sa faute. Là où l'on proclame enterrée la guerre des pauvres et des
riches, le principe social de la division, on voit monter la passion
de l'Un qui exclut. L'art politique se trouve alors en face d'un déchirement
plus radical qui ne naît ni de la différence des richesses ni de l'affrontement
pour les charges, mais d'une certaine passion de l'unité, celle qui
est soutenue par le pouvoir rassemblant de la haine. Et qui nomme sa
faute et ne nomme pas son mérite Qu'il vive comme un chien parmi les
chiens Et qui nomme son mérite et ne nomme pas sa faute Qu'il vive aussi
parmi les chiens Et qui nomme sa faute en un temps Et nomme son mérite
en un autre temps D'une même bouche parlant autrement en des temps différents
Ou bien autrement pour des oreilles différentes Que la langue lui soit
arrachée. D'une lettre : " C'est à ce feu que je me chauffe pendant
ce triste hiver ". Les métaphores sont l'une des choses qui me font
désespérer de la littérature. La création littéraire manque d'indépendance,
elle dépend de la bonne qui fait du feu, du chat qui se chauffe près
du poêle, même de ce pauvre vieux bonhomme qui se réchauffe. Tout cela
répond à des fonctions autonomes ayant leurs lois propres, seule la
littérature ne puise en elle-même aucun secours, ne loge pas en elle-même,
est à la fois jeu et désespoir. Dans les années terribles de la " Iéjovtchina
", j'ai passé dix-sept mois à faire la queue devant les prisons de Leningrad.
Un jour quelqu'un a cru m'y reconnaître. Alors, une femme aux lèvres
bleuâtres qui était derrière moi et à qui mon nom ne disait rien, sortit
de cette torpeur qui nous était coutumière et me demanda à l'oreille
(là-bas, on ne parlait qu'en chuchotant) : - Et cela, pourriez-vous
le décrire ? Et je répondis : - Oui, je le peux. Alors, une espèce de
sourire glissa sur ce qui avait été jadis son visage. Mais il s'agit
de cela qui demande et qui permet que l'" ordinaire " soit présenté,
non pas comme extraordinaire (par un truquage quelconque), mais dans
l'extraordinaire. Il s'agit de ce qui, du commun, fait événement - et
le fait advenir. Et il s'agit du même coup, de la communication d'un
partage si commun qu'il passe, sans " littérature ", inaperçu. Car il
faut que les paroles restent pures. Car Un glaive peut être brisé et
un homme Aussi peut être brisé, mais les paroles Tombent dans le mouvement
du monde irrattrapables Rendant les choses connaissables ou méconnaissables.
Mortel à l'homme est le méconnaissable. L'analyse de Rorty s'inscrit
dans la tradition qui gratifie la littérature d'une vertu politique
de résistance ou de dérision à l'égard des pouvoirs. Mais de cela la
littérature n'a rien à faire. La littérature n'a pas affaire avec le
pouvoir, elle a affaire avec le consensus. Elle défait le consensus
en faisant traverser le je qui consent, convient et contracte par un
il . (...) C'est une certaine expérience d'exil qui commence dans cette
expérience de la langue propre comme langue étrangère dont parle Proust.
L'arrogance intolérante est d'abord le refus de cet exil ordinaire,
de cette différence à soi des corps parlants, des singularités tissées
de mille rencontres et qui ne cessent de se singulariser au contact
d'autres singularités, d'autres séries de séries. L'objet du racisme,
nous dit Jean Borreil, c'est le témoin, le " quasi-autre ", celui qui
n'est pas assez autre pour valoir comme autre figure du même; celui
qu'on ne peut pas renvoyer " chez lui " parce qu'il est ici chez lui.
Celui-là est insupportable en ce qu'il nous renvoie à notre propre condition
d'exilé dans la langue et sur la " terre " maternelles. De là l'invention
des " seuils " au-delà desquels on ne peut plus accueillir toute la
misère du monde. Le propre impropre de la littérature, ce qui la lie
à la démocratie, ne serait-ce pas alors que, dans sa quasi-existence
à chaque fois redémontrée elle ne cesse d'inscrire l'expérience du quasi-autre
et celle du dissensus, l'expérience de la multiplication vertigineuse
du banal, du banal qui parle et se dérobe, du banal extraordinaire ?
On pourrait le dire autrement : la littérature est une expérience de
l'inhabiter. " Ecrire ne loge pas en soi-même ", nous dit Kafka. Ainsi,
ne craignant pas la vérité impure, établirent-ils Dans l'attente de
l'ennemi un exemple provisoire De distinction nette, ne dissimulant
pas le reste Qui ne se fondait pas dans le changement irrésistible Et
ils retournèrent chacun à son travail, au poing Avec la charrue, le
marteau, l'alêne et le crayon d'ardoise, le glaive. Schubert sur l'eau,
Mozart et son chahut d'oiseau, Et Goethe sifflotant sur le chemin qui
tourne, Et Hamlet méditant à pas effarouchés Se fiaient à la foule et
écoutaient son sang. Le murmure peut-être est plus vieux que les lèvres
Des feuilles tournoyaient dans un vide sans arbres et ceux à qui nous
offrons de savoir dès avant tout savoir avaient acquis leurs traits.
1. Revue Libre (1977) - 2, 4, 8, 10. Heiner Müller (1968) - 3, 9. Jacques
Rancière (1998) - 5 Kafka (1921) - 6. Anna Akhmatova (1957) - 7. Jean-Luc
Nancy (1991) - 11. Ossip Mandelstam (1934). - Montage : jpmorel.
"Dire que je n'ai pas choisi ma langue, mais que
c'est elle qui m'a choisi, serait, je crois, me rapprocher au plus près
de la vérité. L'oscillation entre deux cultures et deux langues [l'espagnole
et la catalane] me semble comparable à l'indécision affective et sexuelle
chez l'enfant ou l'adolescent : des forces obscures, souterraines, canalisent
un jour, sans qu'il en prenne conscience, son orientation érotique.
L'élan aveugle qui le pousse vers les cops masculins est tout aussi
mystérieux que celui qui le conduit à s'éprendre à jamais d'une langue
à l'écoute de Quevedo ou de Góngora. Choix d'autant plus significatif
et précieux qu'il met en jeu et en évidence le choc des cultures, l'idée
de métissage, de bâtardise, de précarité. Espagnol en Catalogne, afrancesado
en Espagne, latin en Amérique du Nord, chrétien au Maroc, et partout
métèque, je n'allais pas tarder à devenir, par mon nomadisme et mes
voyages, un de ces écrivains que personne ne revendique, étranger et
hostile aux clans et aux catégories. Le conflit familial entre deux
cultures fut apparemment le premier indice d'un processus à venir de
ruptures et de tensions dynamiques qui me situeraient à l'écart des
idéologies, des systèmes ou entités abstraites caractérisées par leur
autosuffisance et leur circularité. La fécondité de tout ce qui vit
hors des camps retranchés, le vaste domaine des aspirations latentes
et des questions muettes, des idées neuves et informulées, l'échange
et l'osmose des cultures allaient constituer l'espace où se développeraient
ma vie et mon écriture, en marge de valeurs et de théories castratrices
sinon stériles, liées aux notions de credo, patrie, état, civilisation
ou doctrine." Juan Goytisolo, Chasse Gardée.
" Que sommes-nous désormais
un peuple, une race, une foi ?
Si quelqu'un te demande
qui sont ces hommes
allant par le monde
porteurs de cendres muettes
le long des routes la nuit
que signifient ces visages
brouillés indistincts
dis-lui :
nous sommes une secte
une secte de deuil.
Cohortes endeuillées
nous allons
martèlement d'affliction.
aux yeux du monde
cortèges funéraires
qui viennent
procession sur procession.
Fusillés calcinés
noyés dans la chaux
cendres dispersées et labourées
en lentes processions
inondent le monde.
Nous sommes les souvenants
qui refusons l'oubli
escortes de millions de morts.
Un enterrement sans fin
sans fin.
Nous n'avons pas de rituel secret.
Toutes les souffrances sont révélées.
Si quelqu'un te demande
dis-lui et raconte :
nous sommes une secte
une secte de deuil.
Nous n'avons pas fini de pleurer les morts
pour penser à sanctifier la vie.
Nous croyons :
quand sera tarie la dernière larme
le dernier cri
alors seulement viendra la première nuit
et viendra le jour-
le premier jour.
Jacob Glatstein. Traduit du yiddish par Rachel Ertel
Locke, Lettre sur la tolérance
Or, j'en appelle ici à la conscience de ceux qui
persécutent, qui tourmentent, qui ruinent et qui tuent les autres sous
prétexte de religion, et je leur demande s'ils les traitent de cette
manière par un principe d'amitié et de tendresse. Pour moi, je ne le
croirai jamais, si ces furieux zélateurs n'en agissent de même envers
leurs parents et leurs amis, pour les corriger des péchés qu'ils commettent,
à la vue de tout le monde, contre les préceptes de l'Évangile. Lorsque
je les verrai poursuivre par le fer et par le feu les membres de leur
propre communion, qui sont entachés de vices énormes, et en danger de
périr éternellement, s'ils ne se repentent; quand je les verrai employer
ainsi les tourments, les supplices et toutes sortes de cruautés, comme
des marques de leur amour et du zèle qu'ils ont pour le salut des âmes;
alors, et pas plutôt, je les croirai sur leur parole. Car, enfin, si
c'est par un principe de charité et d'amour fraternel, qu'ils dépouillent
les autres de leurs biens, qu'ils leur infligent des peines corporelles,
qu'ils les font périr de faim et de froid dans des cachots obscurs,
en un mot, qu'ils leur ôtent la vie, et tout cela, comme ils le prétendent,
pour les rendre chrétiens et leur procurer le salut; d'où vient qu'ils
souffrent que l'injustice, la fornication, la fraude, la malice et plusieurs
autres crimes de cette nature, qui, au jugement de l'apôtre, méritent
la mort (5), et sont la livrée du paganisme, dominent parmi eux et infectent
leurs troupeaux?
ÿ Zhang Xianlang, Mimosa.
La difficulté, ce n'est pas de rêver, c'est d'accepter
et de comprendre les rêves des autres.
Martin Luther King, extrait de discours, 31 mai
1968.
Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des
frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.
Herbert George Wells, The outline of history.
Notre vraie nationalité est l'humanité.
À un certain moment, face aux évènements publics,
nous savons que nous devons refuser. Le refus est absolu, catégorique.
Il ne discute pas ni ne fait entendre ses raisons. C'est en quoi il
est silencieux et solitaire, même lorsqu'il s'affirme, comme il le faut,
au grand jour. Les hommes qui refusent et qui sont liés par la force
du refus, savent qu'ils ne sont pas encore ensemble. Le temps de l'affirmation
commune leur a été précisément enlevé. Ce qui leur reste, c'est l'irréductible
refus, l'amitié de ce Non certain, inébranlable, rigoureux, qui les
tient unis et solidaires.
M. BLANCHOT, "De l'Amitié".
Premiers signataires et pourvoyeurs de textes
Christine Baron
Jean Bessière
Eric Dayre
Henri Garic
Marie-Françoise Hamard
Stéphane Michaud
Sophie Rabau
Gabriel Saad
Tumba Shango Lokoho
Pascal Vacher (Dijon)
Yinde Zhang
Muriel Détrie
Carole Matheron
Lydie Malizia
Jean-Pierre Morel
Philippe Daros
Jerôme Bouron
Marie Blaise (Montpellier)
Maud Pommier
Marjorie Berthommier
Guy Dugas (Montpellier)
béatrice Jongy