Ah pour ma part je ne m'en balance certainement pas, et serais plutôt du genre sauvage sans foi ni loi qui mange à tous les râteliers, pourvu qu'on y trouve du bon...
Ce que vous dites de Quine débinant Sartre m'étonne quand même un peu, car le premier fut je crois un "analytique" plus fin et échaudé, revenu des prétentions un peu trop totalisantes des procéduriers ratiocineurs de première heure du Cercle, obligeant même Carnap (encore lui !) à récrire constamment ses livres parce que décidément, non, le monde ne pouvait se réduire à une construction logique aussi facilement que ça, pardi...
Quine est quand même, si mes souvenirs sont bons et pour le dire rapidement, celui qui avait pratiquement démontré qu'on pouvait rendre compte de diverses façons tout aussi cohérentes d'un même phénomène, ou des mêmes données sensorielles particulières, alors que ces systèmes descriptifs soient contradictoires entre eux.
Mieux encore, sa thèse de l'indétermination fondamentale de la référence implique en définitive, comme j'aime à dire, qu'on ne sait jamais exactement ce qu'on raconte, qu'on ne peut le savoir, et n'est jamais assuré de la délimitation sémantique précise des expressions utilisées, même quand elles semblent désigner des choses physiques ou vivantes, comme des lapins par exemple : s'il y a toujours plusieurs façons possibles de découper le monde en divers segments de réalité pertinents pour nous, et autant de diverses modalités schématiques de les décrire, alors l'ontologie de Sartre, qui n'était tout de même pas, intellectuellement parlant, le dernier des balourds, doit y avoir sa place, me dis-je...