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On a marché sur la Terre

Envoyé par Roland Destuves 
Ce que nous avons commencé à vivre en 2020, singulièrement dans les pays développés, offre de curieuses similitudes avec la préparation d’une mission spatiale. Tout se passe comme si les sociétés humaines s’étaient engagées à suivre bon gré mal gré et dans un désordre certain, un entraînement pour se rapprocher d’un mode de vie inspiré par celui qui règne dans une capsule spatiale.

Dans l’espace : évidence du confinement entre spationautes issus d’un même milieu auquel répond, sur Terre, l’apprentissage plus ou moins coercitif d’un entre-soi en petit comité, les contacts sociaux aléatoires étant entravés… ; dans l’espace, aux tâches précises qui occupent le temps et imposent l’envoi régulier de rapports « au sol », correspondent sur Terre la mise en œuvre du télétravail, de la télémédecine, de l’enseignement à distance… ; dans l’espace, les plages de « loisirs » paraissent à peu prés semblables à celles, sur Terre, que proposent les réseaux sociaux : postage de photos, vidéos, jeux etc. ; si, dans l’espace, les sorties ne sont rien moins qu’improvisées, sur Terre, l’accès à l’extérieur ne va plus de soi, sujet à la présentation de justificatifs, soumis à des couvre-feux…; dans l’espace, le port de tenues de protection et l’exigence d’évoluer dans un environnement aseptisé ne se discutent pas, pas plus qu’une surveillance médicale constante et voici que, sur Terre, apparaissent masques, gants, combinaisons, mise en place de protocoles hygiénistes, tests, prises de température, vaccins etc.

Tout cela n’est rendu possible et uniquement possible que par une collaboration étroite et permanente, qui va jusqu’à une entière dépendance, avec les ressources de l’Intelligence artificielle, les machines. Pas plus la vie dans une capsule spatiale n’est possible sans le secours d’un puissant déploiement technologique, pas plus, sur Terre, tout le train des mesures collectives prises pour réorganiser la vie en société ne sont possibles sans informatique. C’est là un point commun avéré entre la vie dans l’espace ou sur la Terre.

On peut alors se demander si la planète où se poser est bien Mars ou plutôt la Terre, qu’il faudrait se préparer à habiter d’une autre façon comme s’il était acquis qu’elle allait devenir aussi inhospitalière que Mars…

Mais si l’on file cette métaphore de la conquête spatiale, on doit rappeler que celle-ci n’est pas envisageable comme conquête de masse, ni même comme conquête menée par les Christophe Colomb de jadis où, aux navigateurs aguerris, « techniciens » de cette époque, se mêlaient des équipages de marins ou d’aventuriers frustres issus des classes laborieuses, bien souvent enrôlés selon des méthodes expéditives. Tout au contraire, la conquête spatiale requiert une sélection très sévère dans la formation de ses équipages. Et si la colonisation d’une Terre passée sous totale dépendance numérique permet bien sûr d’embarquer plus de monde qu’une mission sur Mars, cela ne va pas jusqu’à huit milliards d’individus. Il semble alors indispensable de diminuer la fameuse « jauge » des habitants de la Terre, de laisser s’opérer, d’une façon ou d’une autre, un tri entre les Terriens capables de fouler le sol de leur propre planète soumise à de nouvelles conditions d’habitat et les autres, fatalement de trop, qui ne sauraient être du voyage. C’est précisément ce tri qui, selon moi, a commencé en 2020 et va se poursuive si rien ne s’y oppose.
Le moyen le plus simple d'opérer un tri parmi les populations eût été de laisser le plus de gens mourir, alors justement que les cibles privilégiées de la nouvelle épidémie étaient les personnes âgées, inadaptées et retardataires par excellence, qui semblaient dans les premiers mois pouvoir tomber comme des mouches.
Au lieu de quoi on a obstinément voulu embarquer tout le monde... Les prétendues "mesures" avaient précisément pour but, cela a été rabâché partout dans le monde, d'éviter le plus possible toute forme de sélection, naturelle, thérapeutique, à la ville comme dans les hôpitaux : un comble !
Les anciens qui ne sont pas morts du covid ont été tués par l'enfermement et l'isolement contraint (en EHPAD notamment). Une véritable hécatombe. Destuves a raison: le Grand enfermement que nous subissons depuis plus d'un an a joliment réduit la "jauge" du vaisseau. Nous en sommes tous témoins.
Vous soutenez donc qu'on a fait mine de vouloir sauver les vieux pour pouvoir les tuer plus sûrement ? Eh bien dites donc...
Le message qui ouvre ce fil de discussion est une hypothèse (qui, pour moi, ne doit rien à la croyance à un complot, une préméditation, un "plan"). Il s'agit d'une anticipation fondée sur les similitudes qui me semblent exister entre les nouvelles conditions de vie qui, lentement mais surement, s'imposent à nous et celles qui prévalent dans un vaisseau spatial. En poursuivant cette analogie, on tombe sur une "jauge" démographique nécessairement revue à la baisse.

Mais; bien sûr, comme il s'agit d'une anticipation, cette baisse doit être envisagée comme s'étalant sur quelques décennies (au mieux, mais les choses pourraient aller plus vite), et rien n'empêche alors d'imaginer que ce mouvement de décroissance démographique ait pu commencer en 2020 avec le Covid et son extraordinaire mise en scène, laquelle mise en scène est passée, entre autres, par cet appel hypocrite et culpabilisant à "protéger nos aînés" et les plus vulnérables, autant dire à protéger une partie de la population qui, de toute façon, n'est pas naturellement destinée à prolonger plus que de raison sa présence sur Terre. Ainsi, sauver "papy et mamy" (qui iront tout de même manger la bûche de Noël à la cuisine...) ce pourrait être avant tout apprendre aux enfants à grandir dans un monde nouveau où le port du masque, les "gestes barrières", les maîtres et maîtresses sur écran, la présentation de passeports sanitaires pour se déplacer et le respect de n'importe quelles consignes nouvelles iront de soi pour leur bien et ne pourront se passer d'un déploiement technologique super-augmenté. Et j'imagine simplement que cette révolution anthropologique (eh oui) n'est pas possible à mettre en oeuvre à hauteur de huit milliards de Terriens. D'une façon ou d'une autre et même de n'importe quelles façons (y compris les plus archaïques de type guerres civiles), si la technologie continue à progresser, je ne vois pas comment un tri ne s'imposerait pas.
Cette crise sanitaire aura permis à une partie (au moins) de l'humanité d'expérimenter la vie sans contact physique (vie sociale, professionnelle et économique, cette dernière notamment avec les paiements sans contact), et généralement un mode virtuel, distanciel, d'être ensemble, homme ou femme, entraînement très utile, en effet, pour une existence future sous cloche et en scaphandre sur un désert extraplanétaire.
C'est le monde qu'avait décrit Houellebecq dans La possibilité d'une île*


*Je reprends l'orthographe de l'éditeur, avec une seule capitale à l'article, bien que cela me paraisse bizarre, je croyais qu'il fallait écrire La Possibilité d'une île — mais il est vrai que je n'ai jamais bien assimilé la règle de leur emploi dans les titres...
La règle voudrait en effet que l'on écrivisse (à la nage…) : La Possibilité d'une île. Mais c'est une règle que plus personne ne semble vouloir respecter – peut-être par simple ignorance –, à commencer par les éditeurs eux-mêmes.

Du reste, cet abandon ne date pas d'aujourd'hui : déjà en 1984, chez Gallimard, on proposait un roman intitulé Le château de sable (d'Iris Murdoch), sans la majuscule initiale à “château”.

Bref, c'est la chienlit.
08 mai 2021, 18:43   Lamentable
D'un autre côté, Houellebecq a certainement gagné en Pif tout ce que la possibilité a perdu en capitale...
La chienlit, c'est ça : "La Possibilité D'une Île", qui désormais s'étale partout, sous la pression des machines (correcteurs orthographiques et logiciels de traduction américains) dans les sous-titrages notamment, et généralement dans l'édition en ligne. (L'Edition En Ligne).
"D'un autre côté, Houellebecq a certainement gagné en Pif tout ce que la possibilité a perdu en capitale...'

Pif, clin d’œil de connaisseur, clin d’œil d'une certaine enfance, peut-être plus propice que Spirou ou Mickey à favoriser la naissance de l’éventualité de certaines possibilités, avec ou sans capitale.
Je ne vous le fais pas dire ! Dans Les Particules élémentaires il est fait allusion à l'un des "gadgets" les plus inouïs de Pif, des sortes de larves desséchées de petits crustacés en sachet, qu'il fallait verser dans un bocal d'eau pour les voir ressusciter ; très intrigué, je l'ai fait, moi aussi et, en effet, après deux jours tout ça grouillait de vie, pour mourir piteusement le troisième et puer horriblement. Finies, les possibilités.
Mais cette érudition ne m'empêche pas d'être aussi tout simplement frappé par la transformation physique de Houellebecq, bien sûr...
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