Un autre exemple de l'imprécision, voire des inexactitudes qui émaillent les propos de Raoult, et il n'est point besoin d'être infectiologue pour le relever, cela relève du sens commun et de l'information disponible sur n'importe quel moteur de recherche : dans cette dernière vidéo il balaye d'un revers de main le risque d'un rebond, ou deuxième vague, de l'épidémie, au prétexte qu'il s'agirait d'une "fantaisie" totalement infondée pour décrire les phénomènes épidémiques, sauf peut-être pour la grippe espagnole, qui de toute façon ne serait pas un point de comparaison pertinent (ah bon, pourquoi ?).
D'abord il avoue son horreur de prédire, donc, mais rejette absolument la possibilité de cette seconde vague comme étant une pure fantaisie : c'est quand même très peu convaincant, d'autant qu'il s'était déjà magistralement planté dans soin appréciation de l'épidémie à ses débuts. Cela devrait l'inciter tout de même à un peu plus de prudence.
Mais ce qui me sidère surtout est que ce qu'il dit de l’évolution typique des pandémies est purement et simplement contredit par les contre-exemples que constituent les deux dernières pandémies de grippe, après l'espagnole.
Grippe asiatique : «
Après la Chine, la grippe frappe ailleurs en Asie (Japon, Hong Kong, Taïwan, etc.) avant d’atteindre l’Amérique et l’Europe, vraisemblablement au début de l’été. Certaines personnes ne sont touchées que par les symptômes (fièvre, toux, courbatures, etc.), alors que d’autres sont affectées durablement. Les antibiotiques ne pouvant rien pour enrayer cette pandémie de niveau 2, on recommande aux gens le repos, l’absorption de liquide et, surtout chez les jeunes, de se tenir loin des rassemblements. Un vaccin est mis au point à l’été 1957. Il n’est cependant disponible qu’en petites quantités. Les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables face à cette « grippe asiatique » qui peut entraîner de graves complications pulmonaires. Après un ralentissement à l’été, elle connait une nouvelle vague à l’automne 1957. Le nombre de victimes ira en s’accentuant avant que le vaccin ne contribue à ralentir, puis à endiguer complètement la grippe en 1958. Le bilan varie énormément selon les estimations, soit de 1 à 4 millions de morts à travers le monde, dont quelque 70 000 aux États-Unis et 100 000 en France. »
Grippe de Hong-Kong : «
Puis, sa progression ralentit pour toucher l'hémisphère Nord durant l'hiver 1968-1969. Le virus fait alors près de 50 000 morts aux États-Unis en 3 mois (où elle a été importée par des Marines revenant du Vietnam), avant de se propager en Europe de l'Ouest en 1969. En France, le virus est isolé à la fin de l'hiver 1968-1969, mais sans se montrer dangereux. Mais surtout les scientifiques réunis par l'OMS en octobre 1969 à Atlanta pour une conférence internationale sur la grippe de Hongkong estiment que la pandémie est finie4 alors qu'elle va se répandre en Europe à ce moment-là, y compris le bloc de l'Est.
Après la pause de l'été 1969, l'épidémie de l'hiver (décembre 1969-janvier 1970) est très sévère en France avec 17 000 décès directs (déclarés comme dus à la grippe), et un excédent de mortalité de plus de 40 0001. L'Allemagne de l'Ouest a également le même excédent de mortalité. »
Dans les deux cas, un ralentissement ou une décroissance, puis un rebond, occasionnant du reste une morbidité plus grave, ce qui est précisément ce que redoutent les auteurs de la fantaisie de la deuxième vague.
On serait dubitatif à moins...
Maintenant, si cette saloperie de virus voulait bien aller voir ailleurs si nous y sommes dans quelques semaines au plus, et définitivement, ce ne serait pas de refus non plus, n'est-ce pas...