Programme du Parti de l'In-nocence
Culture et communication Démographie Écologie Éducation Europe
Fiscalité Immigration Institutions Politique internationale"Quand je suis né il y avait sur la terre un milliard et demi d'habitants. Après mes études, quand je suis entré dans la vie professionnelle, 2 milliards. Il y en a 6 aujourd'hui, 8 ou 9 demain. Ce n'est plus le monde que j'ai connu, aimé, ou que je peux concevoir. C'est pour moi un monde inconcevable. On nous dit qu'il y aura un palier, suivi d'une redescente, vers 2050. Je veux bien. Mais les désastres causés par l'intervalle ne seront jamais rattrapés."
Claude Lévi-Strauss
Le parti de l'In-nocence observe que toutes les sociétés de la terre ont fait l'objet dans les périodes historiques récentes d'un développement démographique sans précédent, et sans commune mesure avec l'évolution antérieure.
Il remarque que la quantité de population de presque tous les États du monde a connu depuis un siècle ou deux, après un millénaire de stabilité relative, un gigantesque bond en avant ; et que la France, n'échappant pas à cette règle, a vu sa population augmenter de moitié au cours du seul XXe siècle.
Il estime totalement déraisonnable dans ces conditions la pression constante des démographes, économistes et politiciens natalistes en faveur d'une poursuite indéfinie de cette expansion démographique, déjà tellement marquée.
Il juge qu'il existe des seuils au-delà desquels une trop forte densité de population est nuisible aussi bien aux équilibres écologiques de la planète et des divers territoires particuliers qui la composent qu'à la qualité de la vie, à la qualité des rapports entre les êtres, à la qualité humaine de ces êtres eux-mêmes. Or c'est précisément, selon lui, la qualité qui est un idéal à poursuivre, qu'il s'agisse de la qualité d'un modèle de société, de la qualité des façons d'habiter la terre, de la qualité des types humains que produit une civilisation, qui l'incarnent et qui la font vivre à leur tour ; ce n'est nullement la quantité pour la quantité.
La quantité au contraire a tendance a détruire tout ce qu'elle touche. En France on l'a vue mettre en ruine le système éducatif, nuire très gravement au paysage, annihiler presque d'emblée l'éventuelle valeur culturelle de la télévision, pourtant notre espace public par excellence, pour le meilleur ou pour le pire. La promiscuité croissante ôte à chaque vie particulière, progressivement, un peu et beaucoup de son prix, de sa dignité, de son caractère unique et de son sens : au point que c'est la vie elle-même qui semble souvent n'avoir presque plus de signification ni de préciosité pour beaucoup de nos contemporains, surtout parmi les plus jeunes, ceux qui ont été le plus gravement exposés à l'école de masse, à la culture de masse, à la société de masse - leur vie à eux pas plus que celle des autres, qu'ils sacrifient avec la même légèreté indifférente, sur les routes ou bien au cœur des villes et de leurs banlieues, pour les motifs les plus triviaux et les profits les plus insignifiants.
Le fléchissement de la natalité peut être considéré de nos jours comme une des marques du développement économique, un des signes du haut degré de civilisation, un indice de leur survenue. Le parti de l'In-nocence constate en tout état de cause que les sociétés les plus développées comptent parmi leurs caractéristiques les plus évidentes, à l'époque moderne, de modérer nettement en leur sein la tendance à l'expansion démographique, voire de l'inverser. Il en tire la conclusion que les peuples, surtout ceux qui sont les plus avancés dans leur évolution, et les plus riches d'expérience historique, sont plus sages que les démographes, et savent mieux qu'eux ce qui est bon pour leur heureuse survie. Il fait remarquer au passage qu'une diminution naturelle de la population, survenant comme ce serait le cas en France (et presque partout ailleurs) après une très forte augmentation, ne constitue en aucune façon, malgré les menaces des prétendus spécialistes, un danger pour l'existence même d'un peuple - lequel peuple, par l'effet de cette évolution restrictive, et qui bien sûr ne saurait être infinie non plus que l'autre, ne fait que retrouver un état antérieur dont on n'a pas observé, sur le territoire de notre pays, qu'il ait été moins propice, au contraire, à son bonheur ou à son prestige.
Les démographes natalistes, en appelant à un accroissement quantitatif constant de la population, sous le prétexte qu'un tel accroissement aurait toujours d'heureux effets économiques (ce qui est rien moins qu'assuré), dénoncent ipso facto l'absurdité de leur système : car comment imaginer autrement que sous les espèces d'un pur cauchemar un accroissement de la densité humaine qui n'aurait pas de fin ? Le parti de l'In-nocence estime pour sa part que l'heure est venue de mettre un terme à cet accroissement aveugle, et qu'elle est même largement dépassée.
Bien conscient que la politique démographique qu'il préconise, attachée à la qualité et à la dignité de la vie bien plus qu'au nombre des vivants, implique nécessairement, pour la population, un vieillissement global que d'ailleurs il ne considère nullement comme fâcheux en lui-même, le parti de l'In-nocence juge nécessaire une adaptation réaliste, raisonnable et progressive à ce phénomène annoncé, et d'ores et déjà observable. Dans ces conditions le parti ne peut qu'approuver une mise à jour dépourvue de démagogie du système des retraites, même si cette mise à jour implique, comme il est vraisemblable, un recul de l'âge officiel de départ à la retraite : recul qui serait au demeurant parfaitement en conformité avec l'allongement général de la durée de vie, les progrès de la médecine et le recul très marqué des seuils de vieillissement.
Le parti de l'In-nocence invite l'ensemble de la société à une réconciliation avec l'âge, qu'elle a trop souvent frappé d'ostracisme, au point d'en faire l'objet, certainement, du plus virulent, du plus tranquillement installé et du moins dénoncé de tous les racismes ; alors qu'il est, qu'il a toujours été, et qu'il peut être bien davantage encore, l'un des principaux instruments de la transmission de la connaissance et des valeurs, l'un des piliers de la culture, un facteur capital d'harmonie sociale et de civilisation.
A contrario, le spectacle qu'offrent les pays qu'il est coutumier de féliciter pour la particulière abondance proportionnelle de leur jeunesse n'est pas tel, en général, qu'ils constituent un modèle qu'il faille entre tous imiter. Cette jeunesse surabondante qu'on nous présente toujours comme la plus grande richesse des États qui peuvent s'en targuer, le plus souvent elle y est à peu près la seule, en effet. Et ses représentants innombrables paraissent avoir pour objectif principal, bien souvent, d'aller au plus vite voir sous d'autres cieux s'ils ne pourraient pas trouver un peu plus d'ordre, un peu plus de paix, un peu plus d'efficacité, de saine administration, de prospérité et d'in-nocence.
Que si maintenant on nous représente que nous devons à tout prix nous multiplier et rajeunir parce qu'ailleurs dans le monde de nombreux peuples ne font rien d'autre, et que par leur importance numérique croissante ils représentent pour notre identité et pour nous-même une menace en quelque sorte mathématique, nous répondrons que le temps n'est plus où le nombre était au nombre la seule réponse, la quantité l'unique réplique concevable à la quantité. L'homme n'est pas une matière dont la valeur s'apprécie avec des chiffres uniquement. Plus l'esprit a d'emprise sur le destin des peuples et le sort des nations, moins la force est purement numérique. Plus la civilisation est développée, moins la force est physique. Moins la force est physique, moins il est besoin de recourir à elle, et moins l'histoire s'écrit dans les termes qu'elle dicte.
Se croire contraint à la croissance démographique indéfinie pour la seule raison qu'elle sévit ailleurs, c'est n'imiter des autres que ce qui fait leur faiblesse, et la nôtre par contrecoup. Les pays développés, qui savent profondément, malgré ce que leur répètent des démographes inconscients, combien la surpopulation est nuisible à la paix, au développement économique, aux équilibres écologiques, à la civilisation et à la dignité de l'homme qu'elle réduit à la promiscuité, à l'anonymat et souvent à la misère, doivent contribuer à la combattre par une politique généreuse d'aide financière, scientifique, technologique, médicale et culturelle aux pays en voie de développement : en effet la preuve est faite que l'essor économique et culturel contribue aussi sensiblement à la réduction des taux de reproduction que la réduction des taux de reproduction, en sens inverse, contribue à la marche vers le développement.
Sur le territoire national, le parti de l'In-nocence juge tout à fait inutile, et même nuisible, la poursuite d'une politique d'encouragement au développement démographique. Certes, il estime parfaitement légitime et même indispensable une aide généreuse aux parents d'enfants déjà nés qui éprouveraient de la difficulté à les élever et particulièrement à leur permettre de recevoir toute l'éducation dont ces enfants sont à même de bénéficier. Mais il est opposé à des promesses d'allocations pour les enfants à naître, en fonction de leur seule quantité. Il souhaite que les parents soient aidés conformément à leurs besoins éducatifs ou médicaux - entendus d'ailleurs au sens le plus large-, mais dans cette seule mesure, qui devra être strictement contrôlée. Et il est disposé à lutter très vivement, par exemple, contre la transformation dégradante de la fonction reproductive et de la dignité parentale en une source de revenus généraux, de droits économiques prétendus et de salaires déguisés. Il entend combattre les effets pervers qui font des allocations familiales un encouragement au parasitisme social. Les fonds publics ne doivent pas servir, selon lui, à ce que leurs bénéficiaires potentiels fassent des enfants pour faire des enfants ; mais à ce que les enfants qui sont nés bénéficient de la meilleure éducation possible, et de l'existence la plus heureuse qu'on puisse s'efforcer de leur assurer.
Parce qu'il est hostile à l'accroissement démographique, le parti de l'In-nocence en appelle à une très sensible révision à la baisse des conditions d'accès aux allocutions familiales. Celles-ci sont à ses yeux doublement responsables, en effet, de cet accroissement démographique qu'il juge nuisible : d'une part elles encouragent les parents potentiels à donner le jour à plus d'enfants que ces parents ne seraient naturellement portés à en concevoir ; d'autre part elles sont une très puissante incitation à l'immigration, elle-même le principal facteur, directement et indirectement, d'augmentation de la densité de population.
Les allocations familiales comptent parmi les avantages sociaux qui encouragent le plus fortement à se fixer en France les citoyens et citoyennes d'autres nations, en particulier ceux des pays dont la situation économique et sociale est le plus éloignée de la nôtre. Puis, une fois que ces citoyens et citoyennes de pays étrangers sont fixés en France, et que dans bien des cas ils sont devenus citoyens français, ces mêmes allocations familiales leur sont un stimulant pour engendrer une progéniture abondante. Il en résulte que la politique d'incitation au développement démographique, voulue à l'origine par des milieux et des politiciens natalistes soucieux, bien souvent, de défendre le peuple français tel qu'on pouvait le concevoir à l'époque, et de lui conserver son caractère "français" tel qu'il était alors inscrit dans l'imaginaire collectif, aboutit en fait aux conséquences exactement inverses.
L'antiracisme, si fondamentalement légitime et précieux quand il procède d'une exigence morale et la reflète, mais qui peut se révéler, marginalement, si pernicieux dès lors qu'il est érigé en dogme, en unique religion d'État voire en vulgaire moyen de parvenir (et d'éliminer l'adversaire), compte parmi ses quelques effets secondaires néfastes l'occultation qu'il entraîne parfois de pans entiers de la réalité - laquelle se voit dépouillée de son fait d'une bonne part de son intelligibilité. Ainsi il est convenu de se réjouir que la France échappe, dans une large mesure, à la diminution du taux de reproduction de la population, telle que cette diminution se remarque dans la quasi-totalité des pays européens. Bien loin de partager la satisfaction qu'inspire à beaucoup cette exception française, le parti de l'In-nocence s'en afflige au contraire, puisqu'il juge souhaitable, ainsi qu'il vient d'être exposé longuement, la diminution de population à laquelle fait échapper un taux de reproduction maintenue. Sur les raisons de cette exception démographique française, sur les explications qu'il conviendrait de lui apporter, le parti déplore qu'il ne soit pas loisible de s'étendre, par les effets d'un antiracisme non pas primaire, mais perverti, dégénéré qu'il est trop souvent en instrument de censure et d'obscurcissement du monde. Le parti ne doute pas pour sa part que s'il était possible de s'exprimer clairement, d'obtenir et de fournir des chiffres exacts et différenciés, il apparaîtrait bien vite à l'évidence que l'exception française par rapport à l'Europe, en matière démographique, tient essentiellement aux éléments d'origine non-européenne au sein de la population de la France, éléments dont la proportion relative ne cesse de s'accroître : cela du fait de l'immigration elle-même, bien sûr, mais aussi du fait des taux de reproduction qui parmi les communautés qui en sont issues sont très supérieurs à ceux qui s'observent parmi les citoyens d'origine française - de sorte que c'est à un renouvellement radical qu'est soumis le peuple français, dont la composante autochtone, celle qui a vécu son histoire de l'intérieur, risque de se voir bientôt minoritaire.
Le parti de l'In-nocence estime que les allocations familiales doivent être étroitement tributaires, quant à leur montant et à leur simple attribution, du revenu des familles bénéficiaires. Puisqu'il n'y a aucunement lieu, selon le parti, d'encourager au développement démographique pour lui-même, les aides à l'éducation des enfants doivent être réservées aux parents et aux enfants qui en ont un besoin réel. Au-dessus d'un certain seuil de revenu, qui reste à préciser, le parti est partisan d'une suppression, financièrement progressive, des allocations familiales.
Le parti juge également souhaitable que le montant global des allocations familiales pour une famille donnée ne soit plus augmenté lorsque est dépassé le nombre de deux enfants à charge. L'éducation des enfants appartenant à des familles de plus de deux enfants pourra faire l'objet d'aides spéciales lorsque le besoin s'en fera sentir, mais cette aide ne sera pas systématiquement proportionnelle au nombre des enfants. En d'autres termes les parents qui désireront constituer des familles nombreuses ou très nombreuses seront bien entendu parfaitement libres de le faire, mais ils n'y seront en aucune façon encouragés, bien au contraire, ni ne sauraient en attendre de récompense ou de dédommagement financiers de la part de la communauté. La décision, si décision il y a, relèvera de leur seule responsabilité. Aux yeux de la nation et de l'État, l'objectif à rechercher c'est que les enfants soient aussi bien élevés, aussi sains, aussi bien soignés si nécessaire et aussi heureux qu'il est possible, nullement qu'ils soient aussi nombreux que faire se peut.
Dans le but d'inculquer ou de développer le sens des responsabilités civiques, civiles et pénales à ceux des parents chez qui un tel sens paraîtraient peu présent, et qui auraient fait preuve personnellement de négligence, le parti de l'In-nocence est favorable à la possibilité de suppression, sur décision judiciaire, des allocations familiales aux parents de mineurs délinquants récidivistes. Dans le cas de parents qui ne seraient pas citoyens français, le parti souhaite également que l'éventuelle délinquance des enfants mineurs soit très sérieusement prise en compte, en un sens évidemment négatif, dans l'examen de l'opportunité du renouvellement des permis de séjour.